Comme une grande partie des psychologues, je ne suis pas d'accord pour participer au dispositif MonSoutienPsy mis en place par le gouvernement. Bien que ce dispositif fasse la promotion d’un remboursement de 12 consultations par an chez un·e psychologue clinicien·ne en libéral, ses conditions et ses conséquences sont contraires à mes valeurs professionnelles.
Voici pourquoi :
1. MonSoutienPsy contribue à la destruction du service public
Les consultations gratuites existent déjà pour toute la population, sans discrimination selon le type de mal-être ni limite du nombre de séances. Elles sont disponibles dans les Centres Médico-Psychologiques (CMP) pour enfants, adolescents ou adultes, et dans les Centres Médico-Psycho-Pédagogiques (CMPP).
Après avoir travaillé trois ans dans ces structures et échangé avec de nombreux·ses collègues, j’ai constaté l'état alarmant de leur démantèlement. Le budget consacré chaque année au dispositif MonSoutienPsy permettrait de créer plusieurs milliers de postes de psychologues dans ces structures, mais aussi dans les écoles et les universités, où les besoins sont criants.
Ce dispositif aggrave donc la maltraitance institutionnelle envers les professionnel·le·s et les patient·e·s des services publics. En conscience, je ne peux le cautionner.
2. MonSoutienPsy est discriminant
Ce dispositif impose un tri des patient·e·s en fonction de leur mal-être, limitant l’accès aux soins remboursés à celles et ceux souffrant d’une anxiété dite « légère ou modérée ». Ces critères sont établis par des médecins, bien que les psychologues soient indépendants des médecins. Je défends au contraire un accès libre et égal aux psychologues pour tous les citoyens.
De plus, les consultations dans le cadre de MonSoutienPsy ne sont remboursées qu’à 60 %, avec un tarif fixe de 50 euros pour des séances de 45 minutes maximum, sans possibilité de dépassement d’honoraires. Ces restrictions entravent la liberté de pratique des psychologues et ne répondent pas à la diversité des besoins.
3. MonSoutienPsy impose un nombre limité de séances
Le dispositif propose 12 séances maximum par an, ce qui est loin de suffire pour la majorité des patient·e·s. Cette limite arbitraire crée des ruptures de soin, compromettant la qualité et la continuité des accompagnements, qui sont pourtant essentielles en psychologie. À titre personnel, je ne peux envisager de travailler dans ces conditions.
4. MonSoutienPsy restreint la liberté de choix des patients
Dans ce dispositif, le·la psychologue doit être agréé·e par la CPAM, alors que c’est le titre de psychologue qui garantit la compétence pour exercer. Ce contrôle bureaucratique contrevient au droit fondamental de chaque patient·e de choisir librement son·sa psychologue, ainsi que la méthode de soin qui lui convient.
5. MonSoutienPsy menace l’autonomie des psychologues
Ce dispositif risque de mettre les psychologues sous tutelle du Ministère de la Santé, comme l’a montré la première version du dispositif, qui exigeait une ordonnance médicale. Les psychologues sont formés dans des universités relevant des sciences humaines et sociales, et non dans des facultés de médecine. Ils ne sont ni des paramédicaux ni des auxiliaires médicaux. Je défends la nature humaine et sociale de la psychologie, et son indépendance.
En conclusion
Les conditions imposées par le dispositif MonSoutienPsy sont contraires aux principes fondamentaux du soin psychologique. Elles ne garantissent ni un accès égal aux soins ni un accompagnement de qualité. Pour ces raisons, je refuse d’y participer.
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